Annie Sorrel

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Rajasthan, les porteuses de vie
Voyageuse, mes chemins me mènent plutôt vers l’Asie. Depuis 45 ans je retourne au Rajasthan sur lequel j’ai écrit 7 guides culturels, publiés aux éditions Olizane à Genève.
La photo a d’abord été pour moi liée au voyage, à l’envie de garder mémoire et surtout de partager, de témoigner de la vie des gens dans l‘esprit de la « photo humaniste ». Rendre plus proche ces gens lointains, faire dialoguer leurs regards avec ceux des visiteurs ou lecteurs ; témoigner par exemple du courage et de la dignité des paysannes indiennes aux
lourds fardeaux, auxquelles j’ai consacré cette exposition, « les porteuses de vie ».
Au Rajasthan, Etat de l’Inde resté traditionnel et patriarcal, à la campagne, les femmes portent ! Elles portent l’eau, le bois, le fourrage, les bassines, les offrandes au temple, les enfants… Elles, « les porteuses de vie », femmes fascinantes qui se redressent sous le
fardeau, fluides, gracieuses et pourtant solides sous leurs voiles, leurs bijoux.
Plus encore elles portent le poids des traditions, des inégalités, elles doivent obéir aux coutumes, accepter les mariages arrangés… Mais elles, autrefois analphabètes, s’éduquent, progressent, entrent dans les conseils municipaux…
Toute une série de lois sont venues améliorer leur condition (quota de sièges réservés aux élections, interdiction des mariages d’enfants, instruction obligatoire pour les deux sexes…).
Il y a encore loin de la loi à son application car l’esprit patriarcal est fortement enraciné, mais les jeunes générations de filles instruites font bouger les carcans. Le chemin est long, mais elles sont en marche ! »